Tête céramique de gros diamètre et voie antérieure anti-luxation : Un vrai bénéfice pour les patients.
Envisager une prothèse totale de hanche (PTH) c’est envisager de retrouver une hanche indolore bien sûr, mais surtout mobile et stable afin de marcher, prendre un escalier ou pratiquer une activité physique régulière, le tout avec une usure faible des composants, pour un soulagement durable.
Mobilité, stabilité, usure faible ? Voyons tout ça !
Tout d’abord quelques définitions :
Anatomie de la hanche normale
La hanche est l’articulation qui unit le membre inférieur au bassin. L’articulation est constituée de la tête fémorale et du cotyle (ou cavité cotyloïde côté bassin). Comme toute articulation, les pièces osseuses en contact sont revêtues de cartilage articulaire. L’usure du cartilage s’appelle l’arthrose. Quand l’usure est totale, une prothèse devient nécessaire.
Couple de frottement de prothèse de Hanche:
Concernant la prothèse de hanche, on appelle couple de frottement, la zone de contact, de mobilité, entre la tête (assimilable à une bille ou une petite boule, tout en haut de la partie fémorale de la prothèse) et la cupule (partie hémisphérique, qui reçoit la tête, côté bassin)Voie antérieure :
On appelle voie antérieure un abord chirurgical de l’articulation de la hanche passant par le devant du col fémoral (et voie postérieure, un abord passant par derrière, vers la fesse)Luxation de prothèse :
On appelle luxation de la prothèse le déboîtement entre la tête et cupule. C’est une complication classique, très douloureuse, des voies postérieures.
Puis quelques notions de biomécanique :
- Plus la tête de la PTH est grosse, plus la PTH est stable (faible risque de luxation)
- Plus la tête de la PTH est grosse, plus la PTH est mobile (récupération des mouvements facilitée), mais
- Plus la tête de la PTH est grosse, plus le risque d’usure est important (imposant à terme de réopérer).
Dans la conception d’une prothèse de hanche, il faut donc trouver un compromis, au niveau du couple de frottement, entre stabilité, mobilité et usure.
Avec les anciennes prothèses, utilisant un matériau plastique appelé polyéthylène comme composant de la cupule, le compromis entre stabilité, mobilité et usure était obtenu avec des billes de 22 voire 28 mm. Les tentatives d’utilisation de billes de plus gros diamètres se soldaient en général par des usures précoces.
La céramique de gros diamètre a permis des PTH plus stables, rapidement mobiles et pratiquement inusables.
La recherche a donc progressé vers d’autres solutions et c’est finalement l’utilisation de la céramique d’alumine au niveau de la cupule, matériau nettement plus résistant que le polyéthylène, qui a permis d’utiliser des têtes de plus gros diamètres. Les premières générations de céramiques étaient certes cassantes, mais depuis, leur évolution a permis de rendre ce risque infime, évalué à 4 ruptures pour 100.000 poses.
Aujourd’hui les diamètres disponibles atteignent 48 mm, chose donc inconcevable il y a encore quelques années ! Ce sont au final des couples de frottement qui ne s’usent pas ou très peu, et qui permettent des prothèses de hanche plus stables et parfaitement mobiles.
La voie antérieure de hanche de Mallory, voie anti-luxation
Concernant la stabilité de la prothèse (donc le risque de luxation), le matériau de la prothèse ne fait pas tout. La technique chirurgicale a aussi son importance car il existe une grosse différence selon que la prothèse a été mise en place par voie postérieure ou par voie antérieure. En effet, la voie postérieure coupe les tendons stabilisateurs en arrière de l’articulation de la hanche de façon quasi irrémédiable, laissant la possibilité à la tête de se déboîter. La voie antérieure, de Mallory en particulier, ne coupe pas ces tendons et permet donc d’éviter au maximum la luxation de la prothèse.
Dans notre expérience, plus aucune hanche ne s’est déboitée depuis l’utilisation en 2006 de cette voie d’abord en conjonction avec l’utilisation des têtes céramique de gros diamètre.
Tête céramique de gros diamètre et voie antérieure anti-luxation : la rééducation à domicile suffit souvent.
Qu’en est-il donc de la rééducation ?
La voie de Mallory nécessite une suture d’éléments capsulaires cicatrisant en 6 semaines, pendant lesquelles la hanche ne doit pas être forcée. Comme l’on vient de voir que ces PTH sont naturellement mobiles, avec une bonne récupération des mouvements de la hanche, la rééducation se basera sur la reprise de la marche, des escaliers puis des activités physiques habituelles, avec renforcement musculaire progressif sans déclencher de douleur. Cette rééducation est donc aisément réalisable sous le contrôle d’un kinésithérapeute libéral, au cabinet ou plus simplement à domicile.