Un syndrome fémoro-patellaire est un syndrome douloureux de la rotule souvent très handicapant pouvant interdire la pratique de toute activité physique. Il s’installe de façon progressive, sans facteur déclenchant ou a contrario après un choc contre le genou. Il atteint le plus souvent les adolescents, les filles plus souvent que les garçons et peut se poursuivre à l’âge adulte. Il s’exprime particulièrement en position assise prolongée ou à la descente.
D’abord quelques rappels anatomiques :
Genou :
articulation faisant intervenir 3 os, fémur, tibia et patella (rotule), on y distingue 3 compartiments, image 1, flèches rouges :
1 Fémoro-tibial interne
2 Fémoro-tibial externe (côté péroné)
3 Fémoro-patellaire
Image 1 : Les 3 compartiments du genou
Fémoro-patellaire (articulation) :
l’une des trois articulations constituant le genou, entre le fémur et la rotule (appelée aussi patella, image 1 n° 3 et image 2 hachurée en bleu l’épaisseur de cartilage séparant la rotule du fémur).
Appareil extenseur :
système musculaire, tendineux et osseux qui relie le quadriceps au tibia. Il est constitué du muscle quadriceps puis de son tendon, de la rotule [qui glisse sur le fémur lors de la flexion] et du tendon rotulien).
Cet appareil extenseur est une corde qui tire sur le tibia quand le quadriceps se contracte.
La rotule (partie osseuse de l’appareil extenseur) glisse dans une gorge, creusée en regard dans le fémur, qui s’appelle la trochlée (prononcer « troklé »).
La rotule se comporte donc avec le fémur comme une corde dans une poulie (image 3, à droite). Lorsque la corde sort de la gorge de la poulie, c’est-à-dire lorsque la rotule sort de la trochlée fémorale, il se produit se que l’on appelle une luxation de la rotule (image 4, ci-dessous).
Le diagnostic se fait à l’examen clinique (image 5) :
Un syndrome fémoro-patellaire est donc un syndrome douloureux de la rotule souvent très handicapant pouvant interdire la pratique de toute activité physique avec fort retentissement dans la vie de tous les jours.
C’est la plainte du patient puis l’examen du membre inférieur qui révèlent le diagnostic. Il faudra rechercher les points douloureux, une raideur musculaire, une anomalie de la statique globale, une sensation de rotule hyper-mobile, une sensation de rotule haute, un appareil extenseur dévié en externe, une anomalie de rotation des membres inférieurs, etc.
Cette douleur peut survenir sur de véritables anomalies anatomiques, appelées dysplasie de la trochlée (voir ci-après) occasionnant une instabilité de rotule, mais généralement le bilan d’imagerie initial ne révèle pas de gros troubles : c’est là qu’il faut savoir rechercher des petits signes de ‘prédispositions anatomiques à la douleur rotulienne’ car il est devenu rare qu’on ne retrouve pas une anatomie favorisante devant une douleur chronique de rotule.
Le bilan d’imagerie, radiographies simples mais précises, scanner et IRM vont préciser l’origine du problème.
Le bilan d’imagerie doit être précis et analysé avec méticulosité (images 6 à 8) :
Le bilan comporte des clichés radiologiques suivant un protocole strict, éventuellement un scanner de l’ensemble des 2 membres inférieurs et une IRM.
De l’analyse fine des images on pourra identifier une position trop haute de la rotule face au fémur sur une dysplasie minime, une anomalie de rotation des membres inférieurs, une rotation externe du pied exagérée ou une bascule externe de la rotule pouvant aller jusqu’à la luxation de rotule plus ou moins permanente, ou une simple tendinite.
Au terme de l’examen clinique et à l’aide de l’imagerie prescrite le problème est généralement identifié.
Quelle solution thérapeutique proposer ?
Le traitement est différent selon l’origine du problème, selon qu’il y a eu traumatisme ou pas, selon l’ancienneté des troubles.
Traitement médical des douleurs de rotule
Le traitement médical comprend:
- Traitement antalgique
- rééducation
- étirements
- éducation (apprentissage des mesures d’épargne du genou)
- semelles orthopédiques, etc.
Le traitement médical doit être prescrit et bien conduit pendant au moins 6 mois avant d’en juger l’inefficacité.
Traitement chirurgical des douleurs de rotule
En cas d’échec du traitement médical et si la douleur est véritablement handicapante, une solution chirurgicale sera proposée qui visera à corriger le trouble anatomique mis en évidence, section de l’aileron externe, abaissement médialisation de la rotule, plastie MPFL, patellectomie verticale externe, ostéotomie tibiale de dérotation …
Dans les cas évolués, de souffrance ancienne, l’arthrose fémoro-patellaire a pu s’installer. Des interventions spécifiques, palliatives, sont possibles jusqu’à la prothèse fémoro-patellaire (prothèse partielle du genou) ou la prothèse totale.
Il est important de savoir que ces problèmes de rotule peuvent être très douloureux avec peu de dégâts cartilagineux chez certains et indolores avec une articulation totalement usée chez d’autres. Chaque ressenti est différent.
Aucune intervention ne sera décidée s’il n’existe pas de gêne douloureuse majeure.